Laure Lapinsonnière, Docteure et consultante en financement de l'innovation

Laure Lapinsonnière, Docteure en Electrochimie

Diplômée de l'Université de Rennes en 2013

Ecole Doctorale Matières Molécule et Matériaux, laboratoire Institut des Sciences Chimiques de Rennes

Pourquoi avez-vous fait une thèse ? / Quelles ambitions professionnelles aviez-vous quand vous avez commencé votre doctorat ? 

J’ai réalisé un cursus d’ingénieur en agroalimentaire et lors de ce parcours je me suis rendue compte que les disciplines qui m’intéressaient le plus étaient celles liées à de la Recherche et Développement et j’étais confortée dans ce choix par mes stages (recherche privée et publique). Je trouvais ça vraiment stimulant de contribuer à résoudre des problématiques ou comprendre des phénomènes inconnus. J’ai trouvé un sujet et une équipe de recherche qui me plaisait et j’ai décidé de me lancer. En débutant en thèse, je ne pense pas que j’avais une idée précise de ce que je voudrais faire par la suite (recherche privée ou publique)

Votre parcours de recherche d'emploi après le doctorat ? 

J’ai été accompagnée par l’APEC pour ma recherche avec en tête la volonté de poursuivre dans le monde de la recherche et l’innovation mais sans forcément y être impliquée directement. Je me suis donc tournée vers des structures d’accompagnement de projets de recherche. 

L’APEC m’a donné des rappels intéressants pour postuler de manière efficace (CV et entretiens). J’ai découvert le poste de financement en innovation en fouillant les annonces, et je me suis dit que ce poste était fait pour moi.

Quel est votre poste actuel et quelles sont vos missions (vous pouvez dérouler une journée, une semaine voire un mois type) ? 

Aujourd’hui je suis responsable de missions chez Sogedev, un cabinet de conseil en financement public ayant une activité importante dans l’accompagnement d’entreprises (principalement des PME et start up) sur des dispositifs de soutien de projets de R&D et d’innovation. J’y ai débuté en tant que consultante. 

Au quotidien, nos missions consistent à auditer des projets de recherche et d’innovations de nos clients afin d’y détecter des opportunités de financement. Si cela est opportun, nous participons aux montages des dossiers financiers et techniques pour pouvoir bénéficier des ces aides. Nous animons donc un portefeuille de clients récurrents ou non avec des missions à différents stades d’avancement. En termes de répartition de tâches, nous passons une majorité de notre temps sur la rédaction de dossiers techniques (ce qui m’avait beaucoup attiré sur le poste au départ d’ailleurs). L’attrait du poste étant également que notre portefeuille de clients n’est pas du tout sectorisé et on peut traiter tous types de sujets de financement dans tous les domaines scientifiques ou techniques possibles. En tant que manager d’une équipe de consultants, les missions consistent à veiller à la formation théorique et sur le terrain des consultants, de garantir le bon déroulé des missions et livrables. Pour ce qui est d’une journée type, il n’y en a pas vraiment. Par exemple, on peut démarrer la journée par un audit programmé avec un client en biotech le matin, reprendre la rédaction d’un dossier l’après-midi sur un client en robotique et recevoir un coup de fil d’un client en informatique qui veut le chiffrage de la partie financière de l’aide dès que possible car il apprend qu’il a une deadline dans 2 jours. Depuis la crise sanitaire la gestion des RDV clients a changé mais nous pouvons aussi avoir des journées ou demi journées en rendez-vous dans les locaux de nos interlocuteurs afin de faciliter les échanges et mieux comprendre les enjeux techniques en visitant les installations par exemple. Nous avons une sorte de saisonnalité sur l’année cependant, avec des journées majoritairement consacrées à des audits et du chiffrage sur les 5 premiers mois de l’année alors que les 7 derniers vont être majoritairement dédiés à de la rédaction.

Quelle compétences (hard skill et soft skills) utilisez-vous au quotidien dans vos missions ? 

Les hard skills : maitrise fine des critères d’éligibilité aux différents dispositifs (il y a beaucoup de subtilités), rédaction, recherche et analyse critique d’information (esprit scientifique) mais également une aisance relationnelle - en soft skills de la pédagogie, de l’adaptation permanente suivant les interlocuteurs et domaines scientifiques, de la flexibilité/ organisation (pour jongler sur les différentes missions et délais), il faut également de la rigueur, de la curiosité, de l’ouverture d’esprit et de la diplomatie.

Qu’aimez-vous le plus dans ce métier ? Quelles sont vos principales satisfactions ? 

Personnellement, il s’agit de côtoyer des projets avec des défis technologiques/ scientifiques importants, avoir une plus value concrète sur l’avancée de ces projets (la question du financement de tels projets est souvent centrale). Se triturer les méninges face à un nouveau projet afin de l’évaluer correctement face à des critères administratifs donnés. En tant que manager, la satisfaction de voir les consultants monter en compétences et se plaire dans le métier.

Dans quelle mesure votre expérience en doctorat est un atout dans votre parcours professionnel ? 

Le doctorat a été un atout sur plusieurs aspects. Il permet d’avoir les clés pour comprendre les notions de recherche vs ingénierie classique. Cette expérience facilite l’appropriation de la définition de recherche et de la réexpliquer à des personnes plus novices. Le doctorat m’a permis d’apprendre à organiser un discours (écrit ou oral) pour convaincre / expliquer (colloques, encadrement d’étudiants, rédaction d’articles et de manuels de thèse). De manière générale, ces 3 ans de projet permettent d’acquérir les réflexes d’autonomie (aller chercher l’information, demander de l’aide) et la patience !

Quels sont les métiers du conseil en financement de l'innovation ? (pour qui travaillez-vous, quels sont vos clients, comment les accompagnez-vous ?) : 

(voir aussi ma réponse au point 3 ) Il s’agit de start up, PME et ETI sur tout domaine scientifique et technologiques. Nos interlocuteurs principaux étant à la fois les dirigeants, les directeurs techniques et chefs de projets, ou encore les directeurs financiers. Cela nous amène régulièrement à avoir un tour complet des enjeux des projets d’innovation dans la stratégie des sociétés que nous accompagnons. Nous cherchons à établir une relation de partenariat avec chacun de nos clients. Par cette relation, nous visons à vraiment trouver toutes les aides possibles pour le maximum de leurs projets à tous les stades de développement. On est à la fois sur du conseil mais aussi sur de l’opérationnel puisque nous réalisons le dossier dans sa totalité et suivons la mission jusqu’à ce que l’aide soit totalement sécurisée. Ce métier s’apprend majoritairement par l’expérience, c’est pourquoi la formation de nos nouvelles recrues est assurée par les consultants seniors et les managers. Au bout d’un an en général, les consultants sont considérés comme autonomes sur des missions classiques et vont continuer à gagner en compétences sur de nouveaux cas clients plus complexes. Cette expérience peut alors les amener soit à développer une expertise (sectorielle, aide, secteur d’activité, ….) ou cela va leur permettre de tendre vers de l’encadrement de juniors, avec la perspective de devenir manager d’une équipe de consultants.

Quels genres de profils sont fréquemment recherchés dans votre entreprise ? Quels conseils pourriez-vous donner à un.e jeune docteur.e qui souhaite évoluer vers ce métier ? 

Nous recherchons des personnes ayant une expérience en recherche (niveau master, ingénieur et docteur). Il faut avoir un réel penchant pour la rédaction et une appétence pour le relationnel client. Il s’agit de profils que la partie expérimentale n’intéresse plus. Souvent ce sont des personnes passionnés de R&D mais qui n’ont plus forcément envie d’être des acteurs directs de la recherche mais plutôt être spectateur de celle des autres. De par la diversité des missions réalisées, le métier du conseil en financement de l’innovation permet d’acquérir de nouvelles connaissances dans tous les domaines scientifiques, en finance, comptabilité, fiscalité des entreprises, entreprenariat… Si votre moteur professionnel est d’apprendre de nouvelles choses tous les jours, ce métier est fait pour vous.

Laure travaille chez Sogedev :  www.sogedev.com

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